HistoriqueA la fin de la première guerre mondiale, l’armée allemande est réduite à 100.000 hommes et son armement est contrôlé par les alliés. La baïonnette n’échappe pas à la règle et seuls les modèles estampillés « 1920 » sont autorisés pour être utilisés par la Reichswehr sous la république de Weimar (1920 – 1933).
Ces modèles sont des armes réutilisées après la première guerre mondiale et ne sont pas modifiées, hormis un bronzage complet poignée/lame. Il n’y a pas de nouvelle fabrication de baïonnettes jusqu’en 1927, date à laquelle la société WKC sort un modèle inspiré de la S 84/98 nA (fabriquée de 1915 à 1918) dont la différence la plus visuelle avec celle-ci se situe au niveau du fourreau : la vis de fixation de la cuvette d’entrée n’est plus sur le dessus (1915) mais sur le côté (1927).
Période 1934 - 1936Le réarmement clandestin de l’Allemagne nécessite, à partir de 1934, une nouvelle production de baïonnettes qui reprend la version de 1927 sans modification majeure, sauf l’extrémité de la lame, dorénavant plus pointue. Le modèle est désigné sous l’appellation S 84/98 3ème type (fabrication époque 3ème Reich).
La baïonnette (Bajonett) a une longueur totale de 385 mm. Toutes les parties métalliques sont en acier bleuies. Elle pèse environ 450gf.
La lame (Klinge) a une longueur de 251 mm, une largeur de 25 mm et une épaisseur au talon (Klingenkopf) de 5,7 mm. Le dos (Rücken) est plat. Elle possède une gouttière (Hohlkehle) dans la partie plate (Blatt) et un contre-tranchant dans la partie pointue (Ort).
La poignée (Griff) est équipée de plaquettes en bois lisse (Griffschalen) fixées par 2 vis (Schrauben) et écrous fendus (Muttern) passant à travers la monture (Angel). Le pommeau de la poignée (Haltestift) est traversé par le bouton-poussoir (Drückermechanismus), maintenu également par un écrou fendu. La garde (parierstange) n’a pas de quillon (Arm) ni de bague (Laufring), elle est maintenue par 2 rivets noyés. Les plaquettes sont protégées par un par-flamme (Feuerschirm) au dos de la poignée.
Le fourreau (Scheide) mesure 272 mm. La vis de fixation (Schraube) de la cuvette (Deckplatte) est latérale. Il est terminé par un bouton de bouterolle (Knopf) brasé. Le bouton de suspension strié (Tragehacken) est également brasé. La baïonnette est maintenue dans le fourreau par 2 lames ressort (Federn) rivetées dans la cuvette.
La baïonnette possède plusieurs marquages :
Le poinçon de contrôle. Il est appliqué plusieurs fois, 1X sur l’écrou du bouton-poussoir, 2X sur le verso du pommeau et 1X sur le bouton de bouterolle. Ce poinçon reprend le style de l’aigle sous Weimar accompagné en dessous du numéro d’attribution au contrôleur.
Le nom du fabricant. Il est codé, afin d’échapper au contrôle des alliés, et frappé sous la forme S.XXXK en 1934, S.XXXG en 1935 et S.XXX en 1936 sur le verso de la lame et du fourreau (par exemple S.185G pour une fabrication supposée de WKC en 1935).
Le numéro de série de la baïonnette dans l’année de fabrication. Il est frappé sur le recto de la lame et du fourreau, de 1 à 9999 suivi d’une lettre alphabétique (« a » pour la série de 10001 à 10999, « b » pour la série de 11001 à 11999, jusqu’à « z », puis « aa », « ab », …).
Période 1937 – 1940La baïonnette ne présente pas d’évolution majeure, excepté le remplacement des plaquettes en bois par des plaquettes striées en bakélite de couleur rouge orangé à noire. Cette substitution, quoique généralisée, ne sera jamais exclusive.
Par contre, la nécessité de cacher les nouvelles productions n’est plus d’actualité et le codage des fabricants est inutile. En conséquence, les fabricants frappent ou gravent désormais leur nom en clair. La date de fabrication est frappée sur le dos de la lame au niveau du talon. Le système de numérotation série reste inchangé.
Période 1941 – 1945Le dessin du poinçon de contrôle est modifié (avec des variantes) et est typiquement 3ème Reich. Le système de numérotation série reste inchangé.
La nécessité de masquer les usines de fabrication est de nouveau d’actualité, compte tenu des bombardements alliés de plus en plus importants au dessus de l’Allemagne. Un nouveau marquage voit donc le jour : il se caractérise par l’année de fabrication placée directement avant ou après le code du fabricant, celui-ci se présentant sous la forme de 3 lettres frappées sur le talon de la lame et le fourreau (par exemple « 41 cof » qui signifie une fabrication de 1941 par Eickhorn). Certains fabricants modifieront d’ailleurs de nouveau leur code en 1944 par sécurité.
La qualité de production se dégrade aussi au fur et à mesure avec des simplifications de fabrication qui réduisent les coûts et/ou compensent les manques de matériaux. Ainsi, les plaquettes en bois font leur réapparition moins exclusive dès 1943, le polissage laisse progressivement place à l’usinage brut, la parkérisation remplace le bleuissage, le bouton de suspension n’est plus strié, les plaquettes sont désormais rivetées, etc…
Au début de 1945, la plupart des usines de fabrication n’a pas résisté aux bombardements alliés. C’est la raison pour laquelle les baïonnettes datées 45 sont rares (cof/Eickhorn, crs/Weyersberg, cvl/WKC, sgx/Hörster). La plupart présente des plaquettes rivetées et une finition phosphatée, brute d’usinage. Ces baïonnettes sonnent définitivement le glas du 3ème Reich.